mardi 7 octobre 2008

I'm Not There

Dernièrement, j'ai regardé le film I'm Not There consacré à Bob Dylan. J'avais dans l'ensemble entendu beaucoup de bien de ce film. De plus, vu les critiques souvent élogieuses et un casting impressionnant (Christian Bale, Cate Blanchett, Charlotte Gainsbourg, Richard Gere, Julianne Moore...), je m'attendais à passer 135 bonnes minutes, d'autant plus que Bob Dylan figure parmi ces artistes légendaires que j'apprécie fortement.

Quand on lit quelques critiques du film, les mots qui reviennent le plus souvent pour le décrire sont "kaléidoscope", "patchwork", ou encore "puzzle". Car, en effet, ce film n'est pas un biopic et n'a pas grand chose à voir avec un Ray ou un Walk The Line, pas plus qu'avec un Control. Non, I'm Not There est un genre de délire proposé par un réalisateur "indie" à priori talentueux : Todd Haynes, grand amoureux de Bob Dylan comme on peut le deviner. Pas de trace linéaire et chronologique ici mais un film peu ordinaire, hors du commun.

L'idée de départ est intéressante : donner une vision entre fiction et réalité de l'artiste en utilisant 6 différents aspects de sa vie à travers 6 personnages et 6 acteurs différents (mais aussi 6 styles de mise en scène). Des facettes multiples qui représentent des différentes époques et états qui ont déterminé sa vie et son travail. Une mosaïque complexe, certes, mais qui correspond bien à l'icône insaisissable et mystérieuse qu'est Bob Dylan. Il y a le jeune garçon issu du Blues, le folk-singer engagé, le poète maudit, la rock-star cynique, le prophète chrétien "born again" et l'ermite hors-la-loi. Et parmi tous ces personnages, on a comme acteurs un enfant noir et une femme (Cate Blanchett) ! Ajouter à cela des noms différents pour chacun et je crois bien que l'on a de bons ingrédients pour être désorienté...

Marcus Carl Franklin, Ben Whishaw, Cate Blanchett, Richard Gere, Christian Bale, Heath Ledger.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Todd Haynes arrive justement à merveille à nous désorienter avec une mise en scène qui ne manque pas de brio ! Le film est complètement déroutant et décousu, nous plongeant dans un univers foutraque difficile à cerner. Le récit est complexe et déstructuré, plein de métaphores et de passages-anecdoctes, le tout donnant un sacré bordel schizophrène. Il faut savoir que jusqu'à maintenant, Bob Dylan avait toujours refusé les projets de biopics qui lui avaient été soumis. Mais quand Haynes lui a fait part de son projet en le décrivant comme "un film qui ouvrirait les esprits au lieu de les refermer sur nos certitudes et qui ne supporterait pas les contraintes d'une narration classique", alors le chanteur a donné son accord quelques mois plus tard. Cependant, il faut noter que tout au long du projet, le réalisateur n'a jamais été en contact direct avec l'artiste.

Au final, le film est un véritable OVNI et on finit par se demander si Haynes n'en fait pas trop avec son style expérimental car il faut sérieusement s'accrocher. C'est à la limite du film pseudo-intello, prétentieux et superficiel (certainement un critère qui a du plaire aux critiques...). Adorer ce film, ce serait un peu comme élire Panda Bear album de l'année. En bref, c'est trop souvent déroutant et il y a de grandes chances de s'ennuyer à cause de quelques longueurs et de passages parfois réservés aux plus grands fans éclairés de Dylan. Je connais bien sa musique mais je dois dire que j'en sais assez peu sur sa vie donc j'ai été de nombreuses fois perdu et frustré en regardant le film, au point d'en sortir avec une certaine déception (pourtant, je suis plutôt du genre à aimer les films décousus). Pendant le film, je me suis plusieurs fois dit : "je suis là mais je ne suis pas là" (méditez donc sur ce jeu de mots philosophique...). Si vous comptez voir ce film, je vous conseille vivement d'aller faire auparavant un petit tour sur Wikipedia pour vous instruire un peu, ou peut-être de regarder avant le film-docu de Martin Scorsese dédié également à Dylan (No Direction Home, sorti en 2005). Peut-être aurez-vous alors plus de chances de l'apprécier.

Ce qui semble unanime, c'est la qualité de l'interprétation androgyne de Cate Blanchett en Dylan. Alors, certes, c'est bien mais je crois que beaucoup s'enflamment pour pas grand chose, ne voyant là que l'originalité de faire jouer Dylan par une femme. Oui, une femme qui joue le rôle d'un homme avec une ressemblance étonnante, c'est remarquable mais c'est surtout ça qui fait la qualité de l'interprétation et non pas le jeu d'actrice lui-même qui relève en fait plus de l'imitation que du jeu d'acteur proprement dit. Il faut arrêter de trop souvent confondre personnage et acteur pour qualifier une interprétation.

En ce qui concerne la BO, pas de surprise, elle est forcément excellente. Todd Haynes est un grand amateur de musique (ses films précédents ont également un rapport avec la musique et il a au passage réalisé un clip pour Sonic Youth) et il a collaboré avec Randall Poster (qu'on connaît pour ses collaborations avec un autre réalisateur qui soigne ses BO : Wes Anderson) pour concocter la BO. The Million Dollar Bashers est un supergroupe qui a été créé pour l'occasion, composé, tenez vous bien, de Lee Ranaldo et Steve Shelley (Sonic Youth), Nels Cline (guitariste de Wilco), Tom Verlaine (guitariste de Television), Tony Garnier (bassiste de Dylan), Smokey Hormel (guitariste de Dylan) et John Medeski (clavier de Dylan) ! On retrouve sur le disque des artistes majeurs de la scène indie d'aujourd´hui comme Calexico, Yo La Tengo, Karen O, Mark Lanegan, Sufjan Stevens, Sonic Youth, Antony & The Johnsons ou encore The Black Keys sans oublier notre Charlotte Gainsbourg nationale qui reprend Just Like A Woman.


Voici la tracklist :
Disque 1
1. All Along the Watchtower par Eddie Vedder (Pearl Jam) et the Million Dollar Bashers
2. I'm Not There par Sonic Youth
3. Goin' To Acapulco par Jim James et Calexico
4. Tombstone Blues par Richie Havens
5. Ballad of a Thin Man par Stephen Malkmus et the Million Dollar Bashers
6. Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again par Cat Power
7. Pressing On par John Doe
8. Fourth Time Around par Yo La Tengo
9. Dark Eyes par Iron & Wine et Calexico
10. Highway 61 Revisited par Karen O (Yeah Yeah Yeahs) et the Million Dollar Bashers
11. One More Cup of Coffee par Roger McGuinn et Calexico
12. The Lonesome Death of Hattie Carroll par Mason Jennings
13. Billy par Los Lobos
14. Simple Twist of Fate par Jeff Tweedy
15. Man in the Long Black Coat par Mark Lanegan
16. Señor (Tales of Yankee Power) par Willie Nelson et Calexico

Disque 2
1. As I Went Out One Morning par Mira Billotte
2. Can't Leave Her Behind par Stephen Malkmus et Lee Ranaldo
3. Ring Them Bells par Sufjan Stevens
4. Just Like a Woman par Charlotte Gainsbourg et Calexico
5. Mama You've Been on My Mind / A Fraction of Last Thoughts on Woody Guthrie par Jack Johnson
6. I Wanna Be Your Lover par Yo La Tengo
7. You Ain't Goin' Nowhere par Glen Hansard et Markéta Irglová
8. Can You Please Crawl Out Your Window? par The Hold Steady
9. Just Like Tom Thumb's Blues par Ramblin' Jack Elliott
10. Wicked Messenger par The Black Keys
11. Cold Irons Bound par Tom Verlaine et the Million Dollar Bashers
12. The Times They Are a-Changin' par Mason Jennings
13. Maggie's Farm par Stephen Malkmus et the Million Dollar Bashers
14. When the Ship Comes In par Marcus Carl Franklin
15. Moonshiner par Bob Forrest
16. I Dreamed I Saw St. Augustine par John Doe
17. Knockin' on Heaven's Door par Antony & the Johnsons
18. I'm Not There par Bob Dylan

Et pour finir, je vous offre un petit MP3 de Knockin' on Heaven's Door par Antony & The Johnsons.

Audio :
Antony & The Johnsons - Knockin' on Heaven's Door (Bob Dylan cover) (mp3)

Vidéo :
I'm Not There (bande-annonce)

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